#Veille Vs Voyance : que choisir pour maîtriser son avenir ?

En me promenant dans les rues de Lyon, j’ai récemment été témoin d’un spectacle qui m’a intrigué : un respectable quinquagénaire (costume, pardessus en laine, chaussures vernies…) s’apprêtant à « repasser » une affiche pour un concert de rap afin d’y accoler sa propre vignette. Intrigué, j’ai rebroussé chemin quelques minutes plus tard pour consulter l’information ainsi placardée. Il s’agissait d’un voyant en train d’assurer la promotion de son offre via l’affichage sauvage dans la Rue de la République.

La voyance, une méthode visant à obtenir des informations sur l’avenir… Le rapprochement avec ma propre offre m’a semblé évident, et je vous propose donc en ce vendredi 13 mars 2015 d’organiser le match :

Veille Vs Voyance

Avant toute chose, je me dois de préciser que toute forme d’ironie, de second degré ou d’humour cynique est totalement volontaire et assumée.

Positionnement :

Veille :

  • Conscient des faiblesses et des lacunes inhérentes à la nécessaire partialité de son activité, le veilleur tente de valoriser et de légitimer son offre en l’affublant de différents adjectifs grandiloquents et potentiellement anxiogènes : stratégique, concurrentielle, commerciale, juridique, technologique, environnementale… Cette accumulation de termes volontairement intimidants a bien évidemment pour objectif d’infantiliser et paralyser son client, qui se trouvera ainsi à sa merci pour d’importantes et récurrentes facturations. En digne héritier de Machiavel, le veilleur camoufle ainsi la vacuité de son activité en la parant des atours d’un élitisme, parfois bienveillant, mais toujours incapacitant.

Voyance :

  • Soucieux de faire bénéficier le plus grand nombre possible de ses contemporains des extraordinaires dons qu’il a décidé de Tarotpartager, le voyant a au contraire pour objectif de simplifier à l’extrême son discours et son offre, afin que ceux-ci soit facilement compréhensibles par le plus grand nombre. Puisqu’il travaille essentiellement à la résolution des problématiques réellement vitales, l’amour, la santé, l’argent, il est en mesure d’expliquer très simplement quels sont les bénéfices que ses clients peuvent attendre de ses interventions. Ceux-ci sont donc en confiance, sachant exactement à quoi s’attendre de la part d’un professionnel dont l’empathie n’est pas la moindre qualité.

Définir ses besoins :

Veille :

  • Le veilleur étant notoirement incapable de lire les lignes de la main, d’interpréter une mine déconfite ou de proférer des banalités susceptibles de rencontrer un écho positif chez tous ses interlocuteurs, il est contraint de leur demander quels sont leurs besoins.
    Tout au plus est il en mesure de reformuler les besoins présentés par ses clients potentiels, et il aura alors à cœur de trouver Interrogationl’angle qui lui permet d’y apporter une réponse favorable de façon simple et efficace.
  • Rationaliste notoire, le veilleur s’attachera à décomposer les besoins de ses clients pour les réduire à des éléments concrets et dont l’atteinte est vérifiable et quantifiable. Victime d’un esprit binaire étriqué, il cherche à supprimer systématiquement les risques de double-sens, de contre-sens, d’à peu près et d’a priori. Sa veulerie commerciale peut cependant le pousser à proposer des axes de surveillance connexes, sous couvert d’élargir la vue de son client.

Voyance :

  • Le voyant anticipe les attentes de ses clients. Sa capacité à en discerner et à en formuler certaines encore inconnues de son interlocuteur est une partie intégrante de ses compétences. Aucun signe ne lui échappe et il n’agonisera pas son client de questions absconses destinées à le placer en position de faiblesse. Il formulera les besoins de ses clients de façon simple et compréhensible, en évitant soigneusement d’utiliser des termes complexes, ce qui est d’autant plus remarquable si l’on considère qu’il traite de sujets aussi fondamentaux que philosophiques.
  • Avec un sens de la synthèse redoutable, il identifiera immédiatement quel est le VERITABLE besoin de son client et concentrera ses travaux sur celui-ci, partant du principe universellement reconnu que « quand XXXXX va, tout va ». Son refus du matérialisme le poussera à multiplier les remarques et recommandations volontairement éloignées de vulgaires actions concrètes. Les tarifs de ses interventions sont connus d’emblée, réglés à l’avance, ce qui évite les mauvaises surprises et met les clients en confiance.

Obtenir des informations :

Veille :

  • Le veilleur, faisant preuve d’un suivisme alarmant, se contentera de rassembler un corpus de sources (papier / internet / internes / externes), d’en étudier régulièrement les parutions et de rédiger une synthèse contextualisée. Autant dire qu’il n’a aucune chance de fournir une information qui ne soit également accessible au commun des mortels. Il joue, dans le meilleur des cas, le rôle d’un agrégateur / filtre et revend à prix d’or des informations généralement accessibles gratuitement.
  • Couard par nature, il s’abstient de créer lui-même des informations pour ne pas avoir à en assumer plus tard la responsabilité. Il est ainsi l’allié naturel du journaliste, espèce honnie et justement dénigrée tant par la populace pleine bon sens que par les décideurs éclairés. Ainsi, son éventuelle, et douteuse, capacité à prédire l’avenir ne repose au final que sur l’ego hypertrophié de charlatans prospectivistes qui se mettent en avant sur les réseaux et dans les colonnes de torchons pseudo-impartiaux.
  • Prouvant encore une fois que la lâcheté est un trait de caractère inhérent à sa condition, le veilleur refusera de promettre à ses clients une vision exhaustive des sujets à surveiller pour répondre aux besoins laborieusement identifiés dans la phase précédente.
  • Dénué de tout sens critique et de toute capacité d’analyse, le veilleur aura même parfois l’outrecuidance d’intégrer à ses rapports de veille des éléments glanés sur les réseaux sociaux, qui sont considérés à juste titre par les personnes clairvoyantes et pondérées comme les dépotoirs à mensonges, approximations et désinformations qu’ils sont.

Voyance :

  • boule de cristalLe voyant, grâce à sa hauteur de vue, peut immédiatement identifier et entrer en contact avec LA source capable d’éclairer la lanterne de son client. En agissant comme un intermédiaire direct entre le demandeur et le détenteur d’informations, il supprime les risques de distorsion ou de pertes d’éléments cruciaux. Son accès privilégié à des sources uniques lui permet en outre de fournir des informations inédites et personnalisées, qui constituent donc un véritable avantage concurrentiel pour ceux qui les reçoivent.
  • Si l’information utile n’existe pas, le voyant, dans sa grande sagesse, est capable de la générer ex nihilo afin de venir en aide à son interlocuteur. Inspiré par la fréquentation quotidienne de sources aussi infaillibles qu’ineffables, il n’est que très peu sujet aux erreurs.
  • Professionnel aguerri et soucieux de la satisfaction de sa clientèle, il ne fournira jamais autre chose que la vérité absolue et complète.
  • Son honnêteté intellectuelle lui interdira d’utiliser ou de se baser sur des éléments largement diffusés, ce qui est la marque des tentatives de manipulation de grande ampleur, qu’il a légitimement en horreur.

Utiliser des informations :

Veille :

  • ttesdirectionsBien souvent, l’indignité du veilleur est telle qu’il refusera de se prononcer quant aux actions qu’une information nécessite pour en tirer profit. Les moins froussards d’entre eux, ou les plus inconséquents, se risqueront éventuellement, et ponctuellement pour tromper ignominieusement leurs clients, à présenter différentes options envisageables.
  • L’abject relativisme qui permet au veilleur de présenter deux directions opposées comme également possibles lui permet de se défausser totalement de ses responsabilités en les laissant peser exclusivement sur les épaules du pauvre hère venu lui demander conseil et assistance.

Voyance :

  • Remarquable représentant des tenants du pragmatisme le plus honnête, le voyant n’hésite pas à donner précisément à ses clients la marche à suivre pour atteindre ou éviter le futur qu’il prédit.
  • Le voyant a une conscience aiguë des attentes des personnes qui viennent s’adresser à lui, et il a à cœur de les satisfaire en prenant soin de décrire avec force détails le meilleur moyen de dénouer leurs problématiques.

Résultats :

Bien que personnellement affligé des doubles turpitudes inhérentes à une formation de journaliste et à une carrière de veilleur, je pense être parvenu à une étude équilibrée et dénuée de parti-pris des vertus et faiblesses des deux approches. Si la voyance semble au final se distinguer par une plus grande assertivité et la capacité à fournir aux clients les réponses qu’ils attendent, la veille peut s’avérer plus acceptable pour les personnalités peu enclines à se plier aux opinions d’une personne plus charismatique et mieux informée.

Pour résumer, la voyance semble plus indiquée pour les personnes qui ont besoin qu’on leur dise exactement quoi faire, alors que la veille conviendra mieux à ceux qui souhaitent décider par eux-mêmes.

De la Maïeutique stratégique à l’Intelligence économique

Consultant et formateur en Communication écrite et Veille stratégique installé à Lyon, je multiplie les participations aux réunions, tables-rondes et rencontres d’entrepreneurs pour présenter mon offre. Je  tente ainsi de sensibiliser les dirigeants de TPE / PME lyonnaises à la pertinence de se former pour être en mesure de réaliser en interne une veille stratégique leur permettant de nourrir leur réflexion et de faciliter l’atteinte de leurs objectifs.

Au grès de ces rencontres, j’ai constaté que, plus que la méconnaissance des pratiques et des outils, plus que le coût de la formation et / ou du conseil, c’est la formulation des besoins stratégiques qui constitue le principal obstacle au développement de ces pratiques. Comme je l’ai déjà écrit par ailleurs, il faut ici entendre par « stratégie » les moyens choisis par un dirigeant pour atteindre les objectifs fixés, quelle que soit leur nature : fidélisation / recrutement de clients ou de collaborateurs, augmentation des ventes, optimisation des marges, diversification de la production ou des cibles, etc.

A l’occasion d’une table ronde organisée par le Club des Entrepreneurs du 9ème arrondissement de Lyon, j’ai animé en binôme une table ronde intitulée Utiliser les réseaux sociaux pour développer son activité. Sans surprise, les premières et principales questions survenues étaient liées aux « meilleurs réseaux sociaux » et au retour sur investissement d’une présence sur LinkedIn, Viadeo, Facebook ou Twitter. Il nous a fallu, avec Samuel Soyer, Responsable Marketing Digital au sein de l’agence Digital Cover, expliquer à ces professionnels aux profils, parcours et activités très variés qu’il n’y avait pas un meilleur réseau social. Qu’il s’agissait de définir ses besoins, ses aspirations, ses objectifs, pour décider ensuite si la meilleure stratégie pour eux impliquait effectivement une présence sur les réseaux sociaux et si oui, sur le(s)quel(s).

A l’issue de cette série de trois tables rondes, et au détour d’une conversation avec Thierry Charbonnier, Directeur du Groupement d’Employeurs Secteur Textile, que je remercie chaleureusement pour ses conseils, il est apparu que, plus que la (re)formulation d’objectifs, plus que la définition de stratégies d’acquisition / diffusion d’informations utiles, la véritable valeur ajoutée de mes interventions devait résider dans l’accompagnement à la verbalisation de la stratégie.

Une stratégie est en partie performative : elle existe dès lors qu’elle est énoncée. De la clarté et de la simplicité de l’énoncé dépendent la facilité avec laquelle elle sera présentée et les chances de susciter l’adhésion de l’interlocuteur : salarié, actionnaire, banquier, administration, etc.

grossesseNous avons passé une partie de la soirée à tenter de définir cet accompagnement, pour au final décider que « maïeutique stratégique » était pertinent et juste, bien que probablement trop opaque et susceptible de rebuter un bon nombre de dirigeants.

C’est pourtant exactement ce dont il s’agit, à la lumière de la définition proposée par Wikipédia :

La maïeutique désigne l’art de l’accouchement.

  • en philosophie, la maïeutique désigne l’interrogation sur les connaissances ; Socrate parlait de « l’art de faire accoucher les esprits ». De manière concrète, il posait des questions faussement naïves, écoutait et s’arrangeait pour que l’interlocuteur se rende compte de ses manques de précision et de ses contradictions dans ses raisonnements. Les personnes se rendaient ainsi compte que, alors qu’elles croyaient savoir, ne savaient pas.
  • en intelligence sociale, la maïeutique signifie l’accouchement d’un diagnostic collectif et d’un projet commun par un corps social ;
  • dans le milieu médical, la maïeutique désigne le nom de la science médicale pratiquée par les sages-femmes et par extension le nom des études pour accéder à cette profession.

Mon propos est précisément de faciliter l’accouchement des idées, objectifs et ambitions, afin de pouvoir par la suite aider le dirigeant à formuler la stratégie adéquate et identifier les outils ad hoc pour faciliter sa mise en œuvre.

Si une sage-femme ou un obstétricien ne sont pas partie prenante dans le processus qui aboutit à l’accouchement, dans la majorité des cas, il ne viendrait pas à l’esprit d’une femme sur le point d’accoucher de se passer de leurs services. Dans de telles situation, l’aide d’une personne extérieure, formée aux techniques et attitudes utiles, mais également capable de garder la tête froide grâce à l’absence d’implication personnelle et directe, peut faire la différence entre une catastrophe et une réussite.

Les sages-femmes et obstétriciens suivent pour acquérir leurs compétences de longues et difficiles études. Quels peuvent-être le bagage et le parcours d’un accoucheur de stratégie ?
En réfléchissant à la façon dont je procède généralement, plusieurs traits de caractère se sont imposés comme utiles pour cette mission :
– l’écoute ;
– la mémoire ;
– la curiosité ;
– le sens critique ;
– l’esprit de contradiction ;
– la capacité à synthétiser des idées, concepts et informations disparates ;
– la maîtrise de différents registres de langue ;
– le pragmatisme ;
– la pédagogie.

reflexionindustrielleUne connaissance approfondie de l’environnement macro-économique local, régional et national est évidemment également fort utile.
J’estime cependant qu’une expertise dans le secteur d’activité de l’organisation parturiente n’est pas toujours indispensable. En me plaçant dans la situation du candide, cela peut même s’avérer utile puisque cette situation m’amène à poser des questions simples, qui appellent les réponses simples sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour aboutir à des énoncés stratégiques limpides.

Si cette prise de conscience et l’ajout formel de cette étape ne changent pas radicalement les pratiques (j’étais jusqu’à maintenant un M.Jourdain de la maïeutique stratégique), cela devrait néanmoins me permettre de mieux structurer mon offre et d’en simplifier la présentation.

Je lance donc un grand appel à propositions : par quoi remplacer la formule Maïeutique stratégique pour éviter de paraître pédant et verbeux ?

Pas de veille efficace sans stratégie claire

Pas de #veille efficace sans #stratégie claire

Cet article publié sur le site québécois productivite.lesaffaires.com souligne l’importance de la stratégie dans une démarche de veille et d’intelligence économique. En remettant les objectifs et valeurs des dirigeants d’entreprises au centre de la question, en mettant la veille au service de la stratégie et en redéfinissant la stratégie comme les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ses objectifs, l’auteur souligne que ces disciplines sont aussi pertinentes pour les petites structures que pour les grands groupes.

La démarche proposée quant aux outils informatiques à privilégier est également intéressante : utiliser des solutions simples et peu coûteuses permettant d’obtenir rapidement des résultats exploitables et en corriger les paramètres régulièrement au fur et à mesure de l’atteinte de premiers objectifs et de l’évolution des besoins stratégiques.

Voici une approche immédiatement opérationnelle propre à démontrer à court terme les avantages que peuvent tirer les TPE / PME d’une réflexion stratégique pragmatique et d’une démarche de veille adaptée à leurs besoins réels.

La stratégie n’est pas un gros mot

Formateur et Consultant en Communication écrite et Veille stratégique implanté à Lyon, je suis régulièrement confronté à deux types de réactions lorsque je présente mon activité et mon offre : les uns pensent en connaître les méthodes et les objectifs, les autres estiment que cela ne concerne pas leurs entreprises. Si les interlocuteurs appartenant à cette seconde catégorie ont toujours tort, ceux rattachés à la première sont au final rarement aussi bien informés qu’ils le pensent.

Dans les deux cas, l’étape suivante consiste à expliquer qu’une veille stratégique ayant pour objectif de doter une entreprise de la première brique d’une démarche d’intelligence économique doit s’appuyer sur la stratégie du dirigeant.
Or, comme l’étude Ariane reprise par La Tribune le révèle ici, ou comme Pierre-Yves Debliquy le déplore sur le blog Euresis, les entrepreneurs français semblent majoritairement… ne pas avoir de stratégie.

Après avoir essuyé la sueur froide qui monte au front d’un professionnel de la veille à la lecture de telles études, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il y avait peut-être un quiproquo sémantique à la base de ces constatations.

Voici ce que Wikipedia nous apprend :

« Le mot stratégie est dérivé du grec stratos qui signifie « armée » et ageîn qui signifie « conduire », et par suite de l’italien strategia. Ce terme, qui est toujours lié à l’habilité à diriger et coordonner des actions afin d’atteindre un objectif, possède une connotation tellement positive qu’il est souvent utilisé avec un peu de grandiloquence (ou d’exagération) dans des domaines où en fait les termes politique, idée, concept, plan ou tactique seraient à la fois plus exacts et plus honnêtes. »

Même la préservation du statu quo nécessite une stratégie

partdieuEt de fait, pour un dirigeant de TPE ou de PME, le terme peut être trop connoté fusion / acquisition, campagnes (sic) de grande ampleur, conquête (re-sic) de marchés étrangers, toutes actions qui peuvent lui sembler être l’apanage exclusif des grands groupes et qui lui sont parfaitement étrangers, sinon anxiogènes.

Si ces grandes manœuvres stratégiques sont effectivement le domaine des gros poissons, toutes les entreprises ont nécessairement des besoins stratégiques, même si la principale ambition du dirigeant est de préserver le statu quo.
Conserver ses clients, ses salariés, ses partenaires, ses fournisseurs, c’est un objectif. Et pour atteindre un objectif, le meilleur moyen est bien de définir et d’appliquer une stratégie.

C’est ainsi que le consultant et formateur en veille peut se trouver en situation de promoteur de l’importance de la réflexion stratégique et, quand c’est nécessaire, doit pouvoir accompagner les entreprises et organisations avec lesquelles il travaille dans la (re)formulation des orientations stratégiques. Cette phase ne constitue cependant en aucun cas une perte de temps puisque c’est de la définition des objectifs du dirigeants que dépendent les axes de veille, les mots clés, les sources à privilégier, etc.